AVC ET
TROUBLES DE DÉGLUTITION
Conseils pour l'alimentation
Voici quelques astuces à suivre pour adapter aliments et rendre le repas le plus agréable et le plus facile possible.
Quelques principes de base
Après le bilan, l'orthophoniste vous a certainement donné tout un tas de recommandations sur l'adaptation des textures pour les repas de votre proche selon la sévérité de son trouble de déglutition. Voici ci-après les généralités à retenir pour éviter les fausses routes :
- Essayez de respecter le plus possible la texture adaptée au trouble de déglutition de votre proche. N'oubliez pas qu'une fausse route constitue un enjeu vital.
- Retenez qu'après un AVC, le cerveau est plus lent et plus rapidement fatigable. Il convient donc de le "stimuler" davantage que celui d'une personne n'ayant pas fait d'AVC afin que la déglutition se fasse le mieux possible : privilégiez donc les aliments (solides et liquides) avec des goûts forts, bien assaisonnés. L'ennemi du trouble de déglutition est le fade et le sans-goût.
De même, privilégiez les aliments (solides et liquides) à température marquée : bien froids ou bien chauds. Le tiède est moins bien voire mal percu par le cerveau affaibli. N'oubliez pas à ce titre que le corps humain a une température de 36-37°C (il est donc plus difficile de trouver la bonne température pour les aliments solides ou liquides chauds...le froid passe en général mieux).
- D'après ce qui est dit plus haut, vous comprenez donc pourquoi les orthophonistes conseillent plutôt de l'eau pétillante froide que de l'eau plate à température ambiante (l'effet bulles vient stimuler davantage le cerveau). Privilégiez aussi l'eau aromatisée au sirop ou les jus de fruits (le sucré est une saveur forte et stimulante).
- En ce qui concerne les solides, évitez les aliments "qui se dispersent" ou "se fragmentent" du type riz, semoule, petits pois, lentilles, aliments à pâte feuilletée, biscuits qui s'émiettent, biscottes. Ils constituent un réel danger car difficile à rassembler dans la bouche. De plus les petites particules ou petites miettes peuvent se coincer dans la gorge et donc entraîner des fausses routes à retardement.
De la même façon, évitez les aliments filandreux. Exemple : endives, épinards, poissons trop secs ou en conserve, etc.
- Evitez également les aliments qui "présentent deux textures" (solide-liquide) tels que les glaces ou crèmes glacées qui fondent et deviennent liquides, les fruits très juteux (exemple : orange, clémentine), le pain ou la biscotte trempé dans le café ou le lait, les jus avec pulpe, la soupe avec des morceaux, le riz au lait, etc. Le cerveau plus lent et plus fatigué ne pourra pas se préparer correctement à déglutir deux textures différentes : risque de fausses routes garanti !
- Règle d'or contre une idée mal reçue : ne donnez pas de l'eau pour faire passer un solide ou lorsque votre proche tousse à cause d'une fausse route. Cela peut entraîner une fausse route voire empirer la situation.
- N'hésitez pas à rajouter du "liant" dans les aliments solides. Cela va jouer un rôle lubrifiant pour faciliter le passage de la bouche vers l'estomac. Ne lésinez pas sur les sauces, le beurre, le jaune d'oeuf, la crème fraîche. Cela permettra également d'assurer les apports caloriques si votre proche mange moins qu'auparavant.
© Vivre au quotidien avec des troubles de la déglutition - V.Ruglio (2012)
Petits conseils pour l'hydratation
Dans certains cas où le trouble de déglutition est trop sévère, les liquides peuvent être totalement interdits. Plusieurs possibilités s'offrent à vous mais demandez toujours la confirmation à votre orthophoniste.
- les eaux gélifiées (vendues en pharmacie) : de nombreuses marques présentant des textures et des saveurs différentes. Il est possible aussi d'en faire soi-même (la recette ici). Attention il faut prendre 7 à 8 pots d'eau gélifiée par jour pour avoir une bonne hydratation.
- la poudre épaississante (vendue également en pharmacie). Elle permet d'adapter au mieux la texture selon le besoin de votre proche. Elle n'a pas de goût et peut donc être utilisée avec n'importe quel liquide.
- les liquides épais : smoothies, milkshakes, nectar de fruits
- les yaourts sont une bonne alternative pour s'hydrater tout en contournant les difficultés à déglutir les liquides.
- les eaux pétillantes : la meilleure alternative pour continuer à prendre des liquides en limitant le risque de fausses routes (selon la sévérité du trouble). Veillez à ce qu'elles ne soient pas trop salées, avec de grosses bulles (mieux pour stimuler le cerveau), en petites bouteilles qu'il faut bien rebouchonner (pour garder le gaz plus longtemps), conservées au frais.
Faire face à la dénutrition
L'autre danger des troubles de déglutition est le risque de dénutrition. Il faut en effet, malgré les difficultés à avaler, garder des apports caloriques adéquats aux besoin de votre proche. N'hésitez donc pas à enrichir les plats, surtout si votre proche a tendance à manger moins. Vous pouvez utiliser :
- de la crème fraîche
- du beurre
- du jaune d'oeuf
- de la poudre de lait (végétal ou animal)
Il est aussi possible de demander la prescription médicale de compléments alimentaires (produits hypercaloriques) qui existent sous forme de boissons ou de crèmes desserts.
Dans tous les cas, il est important de surveiller régulièrement le poids de votre proche.
Et les médicaments ?
La prise de médicaments peut vite poser problème pour quelqu'un qui présente des troubles de déglutition.
Demandez toujours à votre médecin si le médicament existe sous forme dispersible ou s'il est sécable.
Si c'est le cas, il est préférable de mélanger la poudre du médicament à de la compote ou à un laitage. Le côté froid et sucré va aider la déglutition et il permet d'atténuer un peu le goût du médicament.
Ne donnez pas le médicament avec de l'eau si les liquides sont interdits.
Ne les donnez pas non plus avec de l'eau gélifiée. Le mélange peut former une boule compacte une fois dans l'estomac et entraîner une obstruction.