
AVC ET
TROUBLES DE DÉGLUTITION
Conduites à tenir
Vous trouverez ici les recommandations à suivre afin de réduire le risque de fausses routes et de garantir le bon déroulement du repas
Installation de votre proche

L'installation est primordiale car c'est elle qui va déterminer en partie le bon déroulement de la déglutition et donc du repas.
Il faut installer votre proche en position assise, à 90° si possible afin de garder le buste droit et l'assise stable. Pensez à vérifier qu'il n'y a pas de risque de glisser vers l'avant une fois assis. Les pieds doivent donc être bien à plats (rajouter un calepied si besoin). De même pour les bras (sur la table ou les accoudoirs). En cas d'hémiplégie ou de négligence, vérifiez que le membre déficitaire ne tombe pas.
Soyez vigilant quant à la position de la tête : le menton doit être baissé légèrement vers la poitrine. La tête ne doit surtout pas être en arrière : dans cette position les voies aériennes sont totalement ouvertes donc risque majeur de fausses routes !
Il ne faut pas hésiter à caler des coussins si besoin et il faut privilégier la position assise au fauteuil.
Si votre proche doit rester au lit :
- bien redresser la tête de lit, le plus proche de 90° (attention aux jambes, elles ne doivent pas écraser le pied du lit).
- si besoin, mettre un coussin derrière la tête ou le dos mais toujours veiller à ce que la tête ne soit pas penchée en arrière
- attention à la position des hanches, elles doivent être alignées avec le buste et les jambes
- bien sûr, la position doit être confortable. Assurez-vous qu'il n'y a pas d'appui sur les endroits sensibles ou qu'il/elle ne ressent pas de douleurs.
Attention également à la position de la table (ou de la tablette pour le lit) : elle ne doit pas être trop haute ni trop basse (gestes plus fatigants, aliments difficiles à prendre).


Comment me placer correctement ?
Une règle d'or : soyez assis. Si vous êtes debout vous encouragez la personne à pencher la tête en arrière ce qui est dangereux pour la déglutition.
Placez-vous de trois-quarts devant ou devant pour pouvoir surveiller ce qu'il se passe et être à l'aise dans vos mouvements.
En cas d'hémiplégie ou de négligence, placez-vous du côté déficitaire : cela va faciliter le passage des aliments du côté sain (votre proche va tourner la tête du côté déficitaire et ainsi "bloquer" le passage des aliments vers les muscles qui ne fonctionnent plus)
Pour introduire la cuillère, au contraire, passez par le côté sain, pour que la phase buccale ne soit pas trop laborieuse.


L'importance de l'environnement
De manière générale, et davantage si votre proche présente des troubles attentionnnels veillez à ce que le repas soit pris dans un environnement calme.
Eteignez la radio et/ou la télévision.
Si besoin, pensez à vous procurer des tapis anti-dérapants, que l'on peu trouver en pharmacie (notamment si votre proche présente des troubles moteurs).
Pour les ustensiles de cuisine : bannissez le verre-canard (ou verre à bec), il encourage à lever le menton pour boire et donc à mettre la tête en arrière : risque majeur de fausses routes ! Pour les mêmes raisons, évitez le bol (qui est en plus difficile à manier en cas de déficit moteur). Privilégiez le verre normal légèrement évasé pour faciliter la prise des liquides.
Si vous aidez votre proche à manger et d'autant plus s'il/elle présente des troubles cognitifs démentiels, privilégiez les petites cuillères plutôt que les grosses cuillères à soupes qui sont souvent de taille inadaptée et peuvent être vécues comme très intrusives à leur introduction dans la bouche.
Il existe de nombreuses aides techniques, pensées ergonomiquement pour faciliter la prise des repas. Pensez à demander à l'ergothérapeute de l'hôpital qui saura vous conseiller et vous aider à les choisir.

Savoir s'adapter
Les troubles de déglutition peuvent être très handicapants au quotidien car ils entraînent un chamboulement dans les habitudes du patient mais également de sa famille. Il faut cependant accepter de s'adapter pour limiter les risques et garantir un bon déroulement des repas.
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Ne pas aller trop vite : respectez le rythme de votre proche. Souvenez-vous que la déglutition demande beaucoup d'effort et qu'en plus des déficits moteurs, une victime d'AVC est plus rapidement fatigable.
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Dans la mesure du possible, préservez l'autonomie de votre proche en l'encourageant à manger seul(e). Votre présence reste cependant nécessaire pour surveiller et l'aider si besoin (s'il/elle est trop fatigué(e) pour continuer à manger seul par exemple).
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Si vous l'aidez à manger, surveillez que la bouche soit bien vide avant de proposer une autre cuillère. Encore une fois, cela peut prendre plus de temps pour une personne dysphagique.
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Soyez doux dans vos gestes : faites attention à ne pas introduire la cuillère trop brutalement, à ne pas toucher les gencives, les dents ou le palais car cela peut être douloureux.
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Ne pas s'obstiner : si vous voyez que le repas dure trop longtemps, si votre proche paraît trop fatigué(e) pour continuer, il est préférable d'arrêter le repas. Une personne fatiguée a plus de risque de faire des fausses routes !
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Fractionner les repas et changer ses habitudes : il faut accepter de ne pas suivre les "trois/quatre repas conventionnels". Privilégiez plusieurs petits repas dans la journée pour assurer les apports caloriques en évitant d'épuiser votre proche et d'augmenter les risques de fausses routes.
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Ne pas céder : il est parfois difficile de dire non à son proche lorsqu'il/elle réclame un aliment interdit. Il est préférable de s'en tenir aux recommandations qui vous ont été données et de demander à votre orthophoniste s'il est possible de faire une exception. N'oubliez pas que les troubles de déglutition comportent un risque vital et les aliments interdits le sont pour une bonne raison. Un accident peut très vite arriver, il vaut donc mieux demander conseil dans un premier temps.

Comment aider ?
On se sent parfois démuni(e) face aux difficultés de son proche mais n'oubliez pas que votre présence est essentielle et que vous tenez un rôle important dans la rééducation.
- Aidez votre proche à préserver ou récupérer son autonomie en l'incitant à utiliser seul(e) les ustensiles.
- Restez près de lui/elle pendant son repas pour l'accompagner, cela le/la rassurera.
- Surveillez les mouvements dans la gorge de votre proche : la pomme d'Adam s'est-elle élevée au moment d'avaler ? Si ce n'est pas le cas ou si vous avez l'impression qu'elle est montée trop lentement ou pas assez, demandez à votre proche de déglutir à vide encore une fois.
- Si vous notez un changement dans la voix de votre proche ou autre signes de fausses routes, demandez-lui de se râcler la gorge ou de tousser puis de déglutir de nouveau.
- Respectez les positions de sécurité et les consignes données par l'orthophoniste.
- Veillez à l'hygiène bucco-dentaire de votre proche : une bouche sale rend la déglutition plus difficile par le manque de sensibilité. Dans l'idéal, faire des soins buccaux tous les jours et après les repas. Signalez à votre médecin si vous voyez des dépôts ou une coloration anormale sur la langue : il peut s'agir d'une mycose linguale.
- Soyez le relais entre les différents professionnels de santé qui interviennent auprès de votre proche : surveillez le poids et la température et signalez tout changement, notez ou demandez à ce que l'on note les aliments pris pendant les repas (cf. feuille d'ingesta) pour vérifier que les apports caloriques soient suffisants, sensibilisez les auxiliaires de vie aux troubles de déglutition en leur signalant les aliments interdits (cf. section sur l'alimentation).

